Sylvie Orsini, romans

Coeur de Schiste

Les Geais Editions

Imprimé en juillet 2019 ISBN : 978-2-9546900-7-0

Le synopsis

Alors que les travaux du Grand Hôtel de Baracci vont bon train, l’artiste peintre, Nadejda Stepanova, n’en a pas fini de vivre un rêve éveillé. Après avoir conquis, non sans heurt, le coeur du ténébreux et déconcertant maître d’oeuvre : le richissime comte Rodolphe d’Auvrecher, son destin semble joliment s’envoler, comme de gracieuses hirondelles dans un ciel azur, mais elle n’est pas au bout de ses surprises. Déposée en terrain inconnu, elle va plonger coeur et âme dans un univers dominé par l’attachement viscéral à cette terre de Corse, où le désir de vengeance, la force des serments et la puissance des passions, vont l’entraîner inexorablement vers le doute. Cependant, armée de son puissant amour pour Rodolphe et boostée par la confiance qu’il lui accorde pour diriger son domaine, elle n’aura plus peur de rien, ni de Marcel Fantoni et de son ambition dévorante, ni de Claudia et de ses dédains de vassale, ni des bizarreries affolantes de Mara, et surtout, de ses propres craintes, si jamais elles osaient encore rendre son sommeil tourmenté. Mais, face à ce combat inégal, pourra-t-elle anticiper le piège diabolique qui lui est tendu et en deviner la terrible issue ?

Sylvie Orsini

Sylvie Orsini

A quarante-cinq ans, “Meilleur Ouvrier de France” dans l’Art de la faïence, elle troque les pinceaux pour la plume. Italienne d’origine, elle réside à Folelli, en Corse, depuis vingt-cinq ans, à l’orée de la Castagniccia. Elle y partage ses passions avec son mari et ses deux enfants.

Notes et remerciements de l’auteure

Je n’aurais jamais pu venir à bout de cette histoire sans l’optimisme exacerbé de Jacques, mon mari, qui a toujours été derrière moi à booster mes neurones à coups de : « Tu m’épuises, c’est bon, ça viendra ! » lorsque mon moral prenait une courbe descendante et que je l’irritais. Je reconnais cependant que cette thérapie singulière a plutôt eu un bon effet sur moi, même si la plupart du temps je l’envoyais balader, mais, intérieurement, j’étais de son avis, puisqu’après chacune de ses interventions, je reprenais assez vite goût à mon ordinateur. Ses remarques exigeantes, ses critiques positives et son inconditionnel soutien ont été le moteur du traîneau auquel je m’étais attelée et qui, douloureusement, quelquefois, m’entravait. Tout au long de cette aventure, il en a été le fer de lance.
Comme pour le premier opus, je remercie chaleureusement mes amies Francine Eimann et Vassiliki Kléniec pour la relecture de cette nouvelle histoire, leurs corrections et leurs suggestions pertinentes, car relire, c’est bien plus qu’avoir la primeur de tourner les pages d’un nouveau récit, c’est surtout s’investir totalement dans cette tâche difficile de « repasser » derrière l’auteur, s’imprégner de l’histoire, pour qu’en bout de ligne, on ait gardé en mémoire l’identité, le parcours des personnages et la direction donnée par l’instigatrice. Bien plus encore, c’est renvoyer vers l’auteur, en plus des corrections…, son ressenti, un ressenti que celui-ci attend avec une certaine fébrilité.
Je remercie mon ami Alain Broquier de m’avoir fourni comme pour « Le Soleil se couche sur Erbalunga » un détail fort pratique et technique, ainsi qu’Éric Bastiani, mon ami médecin, pour ses précisions d’ordre médical.
J’ai aussi une pensée pour cette lectrice dont j’ai malheureusement oublié le nom, tombée du ciel, à un moment où je tournais en rond, sans vraiment me résoudre à trouver le meilleur stratagème pour mener mon héroïne en condition de totale vulnérabilité face à sa prédatrice. Je la remercie vivement pour sa suggestion providentielle, mise aussitôt à profit pour continuer l’aventure.
Un beau jour, la visite inattendue, à l’atelier de mon mari, de la sympathique adjudante-cheffe Mathon Nelly, a été franchement primordiale pour me permettre de combler mes lacunes au sujet du véritable déroulement d’une enquête pour disparition inquiétante. À coup de multiples mails, elle m’a enseigné, simplement, les termes « gendarmiques » et expliqué avec une patience et une précision que je qualifierai d’exemplaires, les démarches procédurales qui m’ont aidée à bâtir, de manière chronologique et vivante, les événements.
Je la remercie grandement pour sa disponibilité et sa gentillesse.
Toutefois, comme quelqu’un l’a revendiqué à juste raison dans sa dissertation : « Le roman, un genre bâtard, sans autres limites, sans autres frontières que son infinie liberté »… j’espère − malgré le choix que j’impose à mon enquêtrice « Nelly », à un point crucial du récit −, que la suite – procédant de ma propre perception et de mon intuition personnelles −, n’a pas évolué de manière trop irrationnelle.
Comme pour le nom du domaine et sa position géographique, j’ai privilégié l’imagination pour tous les autres lieux mentionnés. Je facilite ainsi la tâche à mes lecteurs qui n’auront nullement besoin d’aller surfer sur Google Maps, l’histoire étant bien assez tarabiscotée comme ça !
Félix et Mirella, mes parents, qui n’ont jamais été en reste pour me prodiguer leurs encouragements, et ont toujours été les premiers à vouloir s’inviter dans les spirales houleuses de mes nouveaux romans.
Merci encore à toi, papa, qui a bien voulu mettre tes talents de peintre au service de ma couverture, dont le style, l’esprit et les couleurs correspondent parfaitement à l’ambiance et au rythme que je voulais donner à la suite de « Bain pour deux à Baracci ».
Je remercie mon infographe, Élodie Baccarelli, pour son écoute et son travail soigné.
Mais bien plus encore, je ne saurais être assez débordante de reconnaissance, à vous, mes fidèles lectrices et lecteurs de tous âges, pour vos stimuli, traduisant votre grande impatience à vouloir me lire.

Sylvie sera très heureuse de dédicacer son nouveau livre à l’occasion du Corsica Polar qui se tiendra le vendredi 12 juillet 2019 à la place Foch d’Ajaccio de 16 h à 24 h et les 13 et 14 juillet à la plage d’Argent, à Verglhja, Coti-Chjavari de 10 à 21 heures.
Elle sera également :
les 20 et 21 juillet à a fiera di l’alivu de de Montegrosso (Balagne).
les 03 et 04 août à à fiera di u turismo campagnolu (Filitosa).
les 10 et 11 août à la foire de Baracci (Olmeto).
les 17 et 18 août à la foire de la noisette (Cervioni).

Extraits du roman Coeur de Schiste

……………Chap.1……………

Ce n’est qu’après un énième virage que Nadejda aperçut, érigé entre les arbres, le panneau indiquant en grandes lettres brunes cernées d’or, le nom du Domaine.
Elle tourna la tête en direction de son chauffeur, les yeux ronds, affichant un air interdit.
Devinant sa pensée, Rodolphe sourit et précisa :
– Pour ce beau rouge du Valinco, l’un des vins des plus réputés de la région, vous conviendrez que l’appellation : « U Capaccione fiuritu » n’était pas assez évocatrice de sa robe de velours, qui titille le palais et glisse dans la gorge en distillant toute la douceur et les arômes d’un cépage né près de la mer.
Alors, levant les verres vers le soleil, et faisant scintiller sa touche rubis et de nacre violine, on rebaptisa le Domaine à l’unanimité, il y a une quarantaine d’années, « Pèrla d’Ànghjulu », et depuis, il arbore fièrement son étiquette ronde surmontée d’une étoile d’azur sur les plus belles tables de France.
– Choix imagé. Ce vin porte un nom tendre, mais très séduisant.
– Tout aussi séduisante que vous l’êtes, Nadejda. C’est la première fois que je vous vois porter une robe et je dois reconnaître qu’elle ne fait que sublimer votre silhouette.
– Merci, se contenta-t-elle de répondre, désireuse de s’imprégner des lieux en capturant un maximum d’images du paysage.
Ils venaient de quitter la départementale et roulaient à présent à travers une allée d’eucalyptus. Les rayons du soleil perçaient les ramures, zébraient la clairière au-devant d’eux et exécutaient, sur le capot de la voiture, un admirable ballet d’ombres et de lumières. Silencieuse, Nadejda l’épiait du coin de l’œil, se demandant ce qu’il pouvait éprouver en cet instant même, alors qu’il foulait cette terre qu’il avait quittée trente ans plus tôt. Cependant, n’y tenant plus, elle l’interrogea :
– À quoi songez-vous, Rodolphe ?
– Je me souviens de cet endroit du temps que j’étais môme.
Son regard poignant et sa voix empreinte de nostalgie l’émurent. Elle ne dit rien, mais posa sa main sur la sienne, qu’il avait laissée sur le pommeau de vitesse, ce qui l’encouragea à s’ouvrir à elle :
– J’ai l’impression que rien n’a changé. L’excitation du moment, l’idée de revoir cette vallée avec ses interminables rangées de vignes qui plongent en serpentant vers la mer, ces oliviers au tronc noueux, sous lesquels il faisait bon goûter l’ombre rafraîchissante, ce bas maquis où nous jouions à cache-cache et, il soupira, l’envie de revoir ceux que nous avions quittés un an plus tôt.
Comme pour chasser cette dernière note triste, il descendit la vitre et inspira profondément.
– Et ce doux parfum d’eucalyptus en guise de bienvenue à chaque retour…combien de fois n’y ai-je pas songé ? Je crois que c’est ce qui m’a manqué le plus durant cette longue absence.
À la sortie d’un dernier tournant, une immense bâtisse style néo-classique apparut, s’élevant sur trois étages, arborant une façade ouvragée, sertie d’une grande famille de fenêtres et présentant un frontispice paré de hautes colonnes grises

……………Chap.18……………

Au loin, les eucalyptus géants du domaine pliaient, vaincus, leurs ramages subissant les assauts répétés d’un vent querelleur, alors que le clair-obscur de cette fin de journée se chargeait de rendre le ciel encore plus menaçant. Elle entendit le moteur caler, sans doute parce qu’elle roulait trop lentement, plus poussée par un sentiment d’incertitude que par la crainte d’un environnement devenu brusquement sombre et hostile. Elle rétrograda et redonna un petit coup d’accélérateur.
Une fois devant le « palazzu », elle préféra, par prudence, ne pas se garer trop près des arbres.
La portière faisant office de voile, elle eut du mal à l’ouvrir et, sitôt refermée, une rafale vint ébouriffer ses longs cheveux, faisant s’envoler son écharpe qui ondula comme une oriflamme. Elle allait la rattraper en quelques enjambées, lorsqu’un claquement sec la fit sursauter. Le son venant d’en haut, elle leva les yeux pour voir ce qui en était la cause. L’un des volets de l’étage où demeuraient les Fantoni semblait s’être libéré de son crochet sur la façade. Il s’agissait probablement d’un oubli de Mara. Elle s’en occuperait une fois son écharpe récupérée, mais comme ses yeux s’étaient accoutumés peu à peu à la pénombre, elle perçut une forme humaine tapie derrière les carreaux. Puis, au bout d’un temps qui lui avait paru une éternité, la fenêtre s’ouvrit d’un coup sec en claquant violemment, menaçant de se rompre à tout moment.
– Mara ! cria-t-elle, que se passe-t-il ?
N’obtenant pas de réponse, elle clama encore plus fort :
– Mara !!!
Pour une raison mystérieuse, l’apparition demeurait bien droite, figée au centre de l’ouverture, totalement indifférente au bourdonnement sourd du vent et au fracas des boiseries.
Nadejda eut soudain comme un pressentiment faisant surgir instinctivement dans son esprit l’injonction d’un devoir. Elle se précipita vers l’entrée et, d’une main énergique, souleva le marteau et frappa avec force le heurtoir de la porte tout en appelant Antonia à tue-tête. Ses coups répétés et sa voix affolée couvrirent le sifflement du vent et eurent raison de la quiétude de la gouvernante qui accourut précipitamment.
– Madame, mon Dieu. Que vous arrive-t-il ?
– Où est Mara ?
– Elle est partie à ses cours, comme tous les mardis.
« La pauvre Claudia, son moral n’est pas au beau fixe ces derniers temps… » Elle se souvint de ces paroles prononcées par Antonia, la veille, et qui faisaient à présent écho à la vision effrayante d’une femme en train de se jeter dans le vide.
– Vite ! dites-moi comment on accède au dernier étage ! s’exclama-t-elle, haletante, le cœur battant à tout rompre.
– Par le grand escalier… mais, enfin, que se passe-t-il ?
– Suivez-moi !
La pauvre Antonia avait beau être encore leste pour son âge, mais elle n’avait atteint que le premier étage quand Nadejda, ayant grimpé les marches à une vitesse hallucinante, se trouvait déjà au troisième. Elle l’entendit pousser la porte de l’appartement tout en hélant sa maîtresse.
Pour une raison inexplicable, la chambre était plongée dans le noir, et le vent, avec vigueur, s’y était engouffré par la fenêtre ouverte en ronflant, faisant frissonner les rideaux et se balancer le lustre. Nadejda n’eut nul besoin de chercher l’interrupteur à tâtons, car la lumière venant du couloir et faisant aussitôt irruption dans la pièce se figea sur la silhouette toujours debout à la même place, le dos tourné, cheveux au vent, offrant une vision spectrale.

Elle allait gravir les premières marches du grand escalier menant à la porte d’entrée lorsque, à son grand étonnement, elle se trouva en présence de Marcel Fantoni qui la dévisageait d’un air curieux. Sans doute, son souffle court, ses joues empourprées, les quelques mèches de cheveux éparses qui lui barraient le visage et sa tenue dépareillée (chemise à carreaux rouges sur un jogging fuchsia), lui conféraient-ils l’aspect d’une femme qui venait tout juste de s’échapper d’un hôpital psychiatrique.
– Bonsoir, madame. Veuillez m’excuser de venir vous déranger à cette heure-ci, mais je souhaiterais m’entretenir quelques instants avec vous.
– Cela est-il vraiment urgent ? Ne pourrions-nous pas plutôt nous voir demain ? J’ai eu une dure journée et je…
– J’ai essayé de vous joindre à plusieurs reprises dans l’après-midi, mais impossible de vous avoir. Or, j’ai besoin d’une réponse de votre part, ce soir même.
– Bon, entendu.
L’air résigné, elle ouvrit la porte et l’invita à entrer.
– Laissez-moi juste le temps de prendre une douche et d’enfiler autre chose, et je suis à vous. En attendant, Antonia se fera un plaisir de vous servir un petit apéritif au coin du feu.
Quand elle le rejoignit, dix minutes plus tard, elle était vêtue d’un jean bleu, d’un joli pull mohair col bateau en dentelle, et ses cheveux sagement attachés derrière la nuque dégageaient un visage libre de maquillage qui avait retrouvé toute sa sérénité.
Comme toutes les fins d’après-midi, aux alentours de dix-sept heures trente, Antonia faisait une belle flambée dans la cheminée, plus pour mettre de l’ambiance que pour réchauffer la pièce. Marcel Fantoni, une coupe à la main, semblait si absorbé par la contemplation du ballet de flammèches qui s’élevaient au-dessus des bûches que ce n’est que lorsqu’elle ne fut qu’à quelques pas de lui qu’il remarqua enfin sa présence.
– Je vous sers quelque chose à boire ? proposa-t-il.
– Oui, pourquoi pas ! Je prendrai bien une goutte de vin, s’il vous plaît.
Depuis l’incident à la cave, elle ne l’avait pas revu, mais il paraissait évident, à ses traits tirés, que quelque chose le contrariait. – Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous remercier de vive voix pour le canapé. Il sied à merveille dans mon atelier. Il n’est pas seulement joli, mais de surcroît très confortable.
Le maître de chai réussit à s’arracher un sourire un peu crispé, mais tout de même cordial. Il lui tendit une coupe, leva la sienne, et très lentement, trinqua.
– À la réussite de l’entreprise !
Elle acquiesça d’un oui conciliant et fit rouler dans sa bouche une première gorgée.

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